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LA
CARTOGRAPHIE MULTIPLIE LES DIMENSIONS GRACE A L'INFORMATIQUE
(Article extrait du Monde du Mercredi
13 Mai 1998)
Les systèmes d'information géographique, "mille-feuille" de cartes et de données, bénéficient de la puissance du numérique. La France a pris du retard et l'Europe ne parvient pas à faire pièce à I'industrie américaine dans la définition de standards internationaux SI VOUS DÉSIREZ partir faire fortune aux Etats-Unis, vous pouvez déjà, sans vous déplacer, y trouver la maison de vos rêves en faisant un petit détour sur Internet. Tapez, par exemple, http://www.realtor.com , indiquez votre point de chute et la somme dont vous disposez, précisez la superficie, le nombre de pièces et d' "accessoires " - piscine, paddock, ponton pour le yacht -, cliquez. Une sélection apparaît, agrémentée de photos et d'une carte permettant, à différentes échelles, de la localiser. Pour quelques dollars de plus, vous pourrez même obtenir des plans indiquant le taux de criminalité, le niveau de la pollution et les meilleurs établissements scolaires du quartier.Tout cela, vous le devez à la puissance des systèmes d'information géographique (SIG). Mis au point il y a une vingtaine d'années, les SIG permettent de tirer profit des éléments géographiques présents dans les bases de données. Naguère très coûteux, ces instruments sont en passe, grâce à Internet, de se démocratiser, comme l'a montré le " Marché européen de l'information géographique ", qui vient de réunir à Paris les professionnels de ce secteur, dont les acteurs majeurs sont... américains. Dans son principe, le système est simple : il consiste à
partir d'un fond de carte numérisé et à y ajouter,
par couches successives, d'autres informations telles que réseaux
routiers, cadastre, élévations, pluviométrie, géologie,
démographie, activité économique... La grande force
du numérique est de pouvoir ainsi coupler des images (aériennes
ou satellitaires), des graphiques (dont on peut modifier l'échelle
à volonté) et des données alphanumériques
géoréférencées (numéros de rue, codes
postaux). On peut ensuite combiner ces éléments pour faire
jaillir des informations inattendues. GEOCODAGE Aujourd'hui, ces systèmes ne sont plus l'apanage des militaires et de la " diplomatie virtuelle " . Les pouvoirs publics en font une large consommation afin, par exemple, de déterminer l'impact visuel et sonore d'une future autoroute, de délimiter les zones inondables, le nombre d'habitants menacés. Les assureurs peuvent les utiliser pour faire varier les polices d'assurance. Tout le secteur du " décisionnel " peut s'appuyer sur la cartographie, grâce au géocodage. Ce procédé, qui consiste à transformer une adresse en un point sur une carte, permet -selon le principe " Vos voisins vous ressemblent " - d'adresser des courriers promotionnels ciblés dans l'ensemble de la zone de résidence d'un client déjà répertorié. Les cartes intelligentes font désormais partie intégrante de la panoplie des marqueticiens qui peuvent ainsi définir des zones attachées à certains magasins, mesurer les flux de clients -à partir des données de l'Équipement sur la circulation -, à répartir les points de vente sur le territoire, à organiser et suivre tournées et livraisons. Il est aussi possible de surveiller, le rendement des commerciaux, qui après avoir prospecté un territoire, renvoient chaque soir au siège, les résultats de leur journée. Les opérateurs de téléphonie mobile ne sont pas en reste. Les SIG leur ont permis de dessiner les " cellules " au centre desquelles ils placent leurs réémetteurs. " A chaque cellule sont attachés une centaine de paramètres de configuration, et un réseau européen peut contenir jusqu'à 10 000 cellules ", rappelle François Vincent, de Nortel Matra Cellular. Ce casse-tête doit tenir compte du couvert végétal, de la démographie, du trafic maximal attendu sur un axe routier donné et même de la vitesse du véhicule afin que le système ait le temps de le repérer entre son entrée et sa sortie d'une cellule. AGRICULTURE DE PRECISION L'agriculture de précision se heurte à des problèmes différents. Cette technologie émergente consiste à utiliser le système de positionnement global par satellite (GPS) couplé à un capteur de rendement en temps réel installé sur la moissonneuse. On obtient ainsi une carte de rendement extrêmement fine. On peut aussi utiliser des images satellite telles que celles prises par Spot, afin d'identifier les secteurs lésés de certaines parcelles. En retour, le GPS permet de moduler la densité des semis, la répartition de l'arrosage, de l'engrais et des pesticides. Dix-sept mille fermiers du Dakota et de l'Illinois se sont équipés de tels systèmes, mais en France, on en compte moins d'une vingtaine. " Les parcelles sont trop petites", admet Michel Gay, du laboratoire de télédétection et de cartographie, qui a entamé depuis un an un projet pilote à l'école supérieure d'agriculture de Purpan. L'un des facteurs limitant reste le coût d'acquisition des données. ". On touche ici l'un des enjeux du développement des SIG. Les grands producteurs de données géographiques - IGN, Insee, BRGM, géomètres experts - sauront-ils offrir les tarifs capables de stimuler des services dont on commence tout juste à explorer le foisonnement ? Hervé Morin |